Le projet
Intéressées par l’évolution culturelle des arts forains et circassiens, nous nous questionnons quant à leur réunion sous l’appellation « cirque forain ».
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Leur point commun principal est-il l’itinérance ?
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L'évolution des modes de vie a-t-elle influencée ce rapprochement des deux arts?
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Qu’est ce qui, historiquement, les relie ?
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Existent-ils des éléments de survivance ?
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A quel moment et dans quel contexte s’effectue l’arrivée du cirque forain ?
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Qu’est ce qui le différencie du cirque contemporain ?
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Et enfin, le terme « forain » est-il adapté à la représentation esthétique des cirques forains ou bien, prend-il une autre signification ?
Toutes ces intrigues, ainsi que bien d’autres encore, nous ont poussées à penser l’organisation d’une rencontre entre les milieux. Nous souhaitons interroger l’émergence du cirque forain afin de comprendre ce qui a permis à deux mondes qui ne se côtoyaient originellement pas de se relier.
Nous nous appuierons notamment sur une discussion autour de différentes archives de l’INA.
De fait, de l’assorti à la désinvolture, nous vous proposons d'évoluer et d'itinérer dans l’univers tant pailleté qu’artisanal du cirque forain.
O Loule #1 | O Loule #2 | La Famille Walili par O Loule #3 |
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Cirque Pardi par Circusögraphy | Doisneau #1 | Mike Brodie #1 Tones of dirt and bone 18 |
La Famille Walili par O Loule #4 | O Loule #5 | Mike Brodie #2 A period of juvenile prosperity 101 |
Doisneau #2 | Doisneau #3 | O Loule #6 |
La Famille Walili par O Loule#7 |
forain
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Ô Loule
photographie
Robert Doisneau
Circusögraphy
Mike Brodie
Et elles sont de qui ces photos??
Bla, bla...
Le cirque forain, du saltimbanque aux arts artistiques.
Entre le monde forain et le monde circassien, nous avons pu prendre connaissance de 3 biais qui les relie :
L'itinérance, l'univers de la foire et des symboliques traditionnelles comme la parade et le bonimenteur.
Quelle.s esthétique.s du cirque forain ?
Le terme "cirque forain" laisse penser foire, baraque foraine, saltimbanques, amuseurs de la cour et public.
Mais déjà, le cirque à la période grecque et romaine reprenait ces codes et mélangeait ces professions.
Dans une villa de Pompéi, il a été retrouvé des mosaïques représentant des jongleurs et musiciens funambules. Des statuettes en terre cuite et marbre, évoquent différentes disciplines. Les Hermeneumata Pseudodositheana (manuels d'apprentissage du grec et du latin datés du IIIe siècle) indiquent les mots : jongleur, funambule, magicien, dresseur d'animaux, marionnettiste...
Dans l'évolution de sa pratique professionnelle, le saltimbanque est proche du colporteur, du marchand ambulant. Tout en gardant sa forme d'itinérance, il exerce sur les marchés, les foires commerciales (sa fonction était souvent d'attirer le chaland) et celles dédiées aux divertissements qui deviendront les fêtes foraines. Les premières fêtes foraines étaient différentes de celles que l'on peut trouver de nos jours qui se composent principalement de manèges. S’y côtoyaient alors stands de jeux et baraques de divertissements (attractions gymnastiques, expositions, funambules, jongleurs, magiciens, dresseurs d'animaux, théâtre,...). Le développement des salles de spectacle en dur, des salles de cinéma sont en grande partie la cause de la disparition des spectacles forains. Pourtant, le cinéma à son origine était l'une des attractions des cirques forains dès 1895 (cette même année la première projection publique des frères Lumière à lieu dans un café) avec les Kinétoscopes, Mutoscopes, Eidoloscopes... mais le visionnage était généralement individuel et les films ne duraient que quelques-minutes. Ensuite, de véritables projections publiques sous toile ou dans des baraques itinérantes ont été organisées. Mais également bien après avec les films sonores. Dans l'une des séquences du film « Jour de fête » de Jacques Tati sorti en 1949 le cinéma forain est présent: François, le facteur, assiste à la projection d'un film sur les postiers en Amérique.
On se souvient de Georges Méliès (Le voyage dans la Lune ; Un homme de têtes ; Le mélomane ; L'homme à la tête en caoutchouc...) qui, entre 1896 et 1912 réalisa plus de 500 films qui seront projetés dans les cinémas forains. Pourtant, on peut supposer que Alice Guy à également été l'une des réalisatrices les plus projetées de son époque avec quelques 1000 films réalisés durant sa carrière entre 1896 et 1921. Elle est l’une des premières à utiliser le son synchronisé et expérimente de nombreux trucages à l’image.
En 1906, Napoléon Rancy, un circassien, créé l'un des premiers cinéma en dur de Toulouse, rue d'Alsace-Lorraine.
Petit à petit les divertissements où le public est spectateur a connu deux orientations: la sédentarisation (théâtres, salle de spectacles...) ou bien l'itinérance (cirques, compagnies de spectacles...).
Aujourd'hui, l'itinérance, l'univers de la foire, les symboliques traditionnelles comme la parade, sont toujours présentes dans une forme structurée: festival des arts de rue/de cirque (sous chapiteaux ou en salles), dans de grandes villes, des moyennes et aussi des villages. Le mot Cirque reprenant au sens large l'artistique, le mot forain le sens conservé d'un spectacle en itinérance vers différents publics.
Nous espérons cher.e.s lecteur.ice.s que nous vous avons éclairé.e.s.
Maintenant, si vous souhaitez en savoir plus, voici quelques liens utiles.
Compagnies orientées théâtre forain
Cie Rasposo :
Oraison (2019)
http://rasposo.com/portfolio-items/oraison/
Cirque en fil (2002)
https://rasposo.com/portfolio-items/cirque-en-fil/
Cie Cirque la Cabriole
Compagnies qui se revendiquent cirque forain
Au cinéma
Et aussi sur les fêtes foraines
L’Émission Blow up (Arte) :
Un inventaire des films sur le cirque
De nos observations, une certaine esthétique "what the fuck" nous semble ressortir. Ce grain de folie, qui serait propre au cirque forain. Et pourtant de nombreuses compagnies portant cette esthétique ne se revendiquent pas comme étant du cirque forain, voire ne connaissant pas l'existence du terme.
Est-ce donc un choix volontaire ou par défaut dû à une absence d'informations ?
Ce questionnement est arrivé pendant nos recherches sur ce sujet. Selon les spectacles, nombres d’inspirations sont des codes repris du forain dit traditionnel, de la fête foraine - tandis que d’autres fois on retrouve le forain comme marchand ambulant. Mais bien souvent on retrouve une esthétique "brute" et “"rock n roll”.
C'est cette esthétique qui nous intéresse et qui semble avoir déteint sur une partie du milieu circassien, théâtral, ou encore dans le drag. Ce côté déjanté, de liberté de revendications politiques, esthétiques, électrique, de l’économie du spectacle vivant et de la création qui nous a attiré.
Finalement, cela semble être une manière de faire qui cherche à apporter du divertissement autrement que par la pratique physique d’un art. C’est ce truc qui est constituante principale du WTF trouvé en commun dans ces spectacles.
Nos Reflexions
Sur le site du CNAC plusieurs esthétiques vous sont présentées
Les arts forains ont leur musée
et plus spécifiquement
Archimède, Archéologie et histoire ancienne N°6 2019 - p. 127 à 143
Dossier « Jouer dans l’Antiquité : identité et multiculturalité »
Petite histoire du cinéma forain
Guy Olivo
Aux origines du spectacle cinématographique en France page 225 [article]
Le Marchand Arnaud
De 1895 à 1912 : Le cinéma forain français entre innovation et répression